Il y a deux ans, Élodie Ouedraogo mettait un terme à sa carrière de sportive de haut niveau. En plus de sa collaboration avec la société de production télé Woestijnvis et de sa propre collection pour la chaine de prêt-à-porter JBC, elle est responsable du personal training dans la toute nouvelle GRIT Sports Clinic de Louvain. Natural High Magazine a rencontré Elodie, dans les starting-blocks de sa nouvelle carrière.
Tu as donné 22 ans de ta vie à l’athlétisme. D’où est venue cette passion ?
« Chaque année, en Septembre, mes parents insistaient pour que nous choisissions un sport. A 9 ans, j’ai commencé l’athlétisme. A l’époque, courir n’était pas le plus important. Le groupe était chouette et je m’amusais surtout beaucoup. A force de courir, j’ai fini par progresser. Finalement, après mes études j’ai décroché un contrat pro et j’ai pu faire de mon hobby mon métier. Un rêve pour tout dite et une époque fantastique. »
La vie de sportif de haut niveau me paraît très exigeante.
« Oui, bien sûr. Je devais m’entrainer plusieurs fois par jour, avec peu de jours de repos, du coup la plupart de mes amis appartenaient au monde du sport. Sortir ou se reposer le week-end était impensable. On est athlète 24 heures sur 24, cela demande des sacrifices. Mon alimentation était très riche en protéines, avec beaucoup de riz brun, du poulet, du saumon et peu de sucres. Mais c’était néanmoins une vie formidable. En hiver je m’entrainais six semaines en Afrique du Sud, pour échapper au froid et à la pluie. Pour les entrainements de vitesse, il faut pouvoir pousser à fond, or on ne fait pas de sprint par 5 degrés. Ces stages étaient donc nécessaires, et ultra difficiles. Mais c’est plaisant de pouvoir se préparer à la saison d’été en compagnie d’autres athlètes. »
Plus encore que l’effort physique, l’entrainement consiste pour vous à dépasser sa peur.
« En tant qu’athlète, vous êtes constamment sur le grill. Il faut rester affuté. Cela commence dès le début de l’entrainement. Vais-je aussi bien courir que l’année dernière ? Et si l’entrainement se passe bien, les compétitions arrivent. On espère toujours un bon résultat lors de la première course, pour ne pas entrer dans une spirale négative. Puis arrive le stress des championnats du monde ou d’Europe, ou des Jeux Olympiques. Ces prestations sont centrales pour le grand public. Et par dessus tout il y a la peur des blessures. Le sport n’est pas une science exacte. La chance joue aussi. Se laisser obséder par cela, se remettre tout le temps en question, c’est épuisant. La force et la résistance mentales déterminent aussi pour beaucoup le succès. Au plus haut niveau, tout le monde court vite. »
Etes-vous une ‘controlefreak’ ?
« Le sport de haut niveau demande une mentalité de maniaque. Le doute est le pire ennemi dans la vie d’un athlète, car il faut garder le sentiment d’avoir le contrôle sur tout. Même pendant les compétitions. Chacun court à sa façon et, surtout pour le 440 m haies, je devais avoir une confiance totale dans mes capacités. Je devais sentir à quel tempo je courrais, mais si les autres coureuses partaient à fond et que j’avais une propension à les suivre. Je devais me répéter : ‘je peux faire les 200 premiers mètres en tant de secondes et je dois m’y tenir. Si je ne le fais pas, je n’aurais plus de réserve de puissance à la fin et je m’arrêterai. Le contrôle fait tout dans une compétition. »
Qu’est-ce qui vous traverse l’esprit quand vous êtes dans les starting-blocks ?
« Pour la télévision on rigole et on la joue cool, mais en secret on est atrocement ambitieux. Sinon on ne ferait pas un sport de haut niveau. J’essayais moi-même de penser de façon positive dans les starting-blocks et de me convaincre que j’étais prête. La différence entre une compétition ou j’ai douté et une où j’ai profité est énorme. On se dit après : ‘si seulement’. Cela se déroule en quelques secondes et après le finish on a une éternité pour analyser les occasions ratées. Et entendre les centaines d’opinions des autres. Les critiques virulentes font mal, parce qu’on sait qu’on s’est entrainé dur. »
Pourquoi avoir décidé d’arrêter en 2012 ?
« Oh, j’étais à un moment charnière. Je faisais des temps excellents, mais je me demandais si je devais presser ma carrière jusqu’à la dernière goutte. Ok, j’ai raté une finale de 400 m haies à Londres, mais j’ai décroché une médaille d’argent à Pékin et une de bronze aux championnats du monde à Osaka avec l’équipe du relais (Olivia Borlée, Hanna Mariën et Kim Gevaert, ndlr). J’avais goûté au meilleur des deux mondes et j’avais le sentiment de surtout devoir être reconnaissante pour ce que j’avais réalisé. En plus, une nouvelle génération d’athlète se tenait prête. Je n’ai donc pas de nostalgie de ma carrière quand je vois son déroulement. Arrêter a été le bon choix, je le sais. »
Que faites-vous désormais pour garder la forme ?
« L’athlétisme reste mon grand amour. Mon fiancé, Jeroom, court assez bien. Le samedi et le dimanche nous faisons du jogging autour du complexe sportif de Louvain. Les autres jours, je viens directement chez GRIT pour un personal training avec Wout Verhoeven, que je connais depuis des années. La plupart du temps je fais des entrainements fractionnés. C’est à dire 50 minutes à en baver avec des squats, des burpees et tout le reste. Après plus d’un an de pause je commence à trouver le schéma agréable. Et je me rends compte de ce que je peux encore faire. » (rires)
Entre temps vous travaillez chez GRIT en tant que responsable du personal training. Pouvez-vous nous parler de votre offre ?
« Bien que nous organisions aussi des entrainements de groupes, comme les bootcamps ou le piloxing (un mélange de boxe et de pilâtes, ndlr), nous remarquons que la plupart de nos clients choisissent le personal training. Ils reçoivent un schéma sportif et nutritionnel sur mesure et peuvent s’entrainer jusqu’à 3 fois par semaine avec Wout. Ils peuvent aussi choisir de ne s’entrainer ici qu’une fois et de faire le reste chez eux ou dans leur fitness club. Après dix semaines, nos clients ont tout en main pour se lancer en solo et s’entrainer sainement. En plus de cela, nous travaillons en étroite collaboration avec une équipe médicale, sous la direction du professeur Johan Bellemans, et de deux kinésithérapeutes, sous la direction de Maarten Thysen. »
Quel est le profil de vos clients ?
« Notre clientèle se compose d’un mix de sportifs de haut niveau et de sportifs amateurs. Les sportifs de haut niveau viennent souvent directement chez le kinésithérapeute ou bien ont des points spécifiques à travailler. Les amateurs reçoivent une bonne combinaison d’entrainement et de revalidation. Certains ont un but précis, comme courir les 10 miles d’Anvers. De ce côté là, je note un changement de mentalité. Lorsque je me trouvais autrefois sur le tapis de stretching chez DVV, il m’arrivait de voir des gens arriver en clopinant à cause d’un manque d’entrainement. Ils souffraient. Mais on peut y remédier. C’est une des satisfactions que je tire de mon travail chez GRIT. En tant qu’ex sportive de haut niveau j’ai le sentiment d’avoir une obligation d’aide envers les jeunes sportifs de haut niveau et envers les amateurs. C’est ma façon de rendre quelque chose à la société. »
Quels conseils donneriez-vous à un sportif débutant ?
« La régularité est très importante, tout comme l’engagement. Le succès instantané est un mythe, il faut persévérer et continuer à faire ce qu’on fait. Les premières semaines les muscles vont souffrir de courbatures, mais après une demi douzaine de semaines on prend le pli et on profite de plus en plus. Mon conseil ? Visez la meilleure version possible de vous même et sachez que les gens en forme se sentent mieux. Ils sont également plus performants sur le plan professionnel, car ils savent repousser leurs limites. »
Plus d’informations sur l’offre de GRIT Sports Clinic ici.
Credits photos: JBC